Fabriquer une flûte en bambou : le secret d’une harmonie parfaite !

Fabriquer une flûte en bambou

La musique adoucit les mœurs, et rien n’est plus gratifiant que de jouer d’un instrument que l’on a fabriqué soi-même. Fabriquer une flûte en bambou est un projet de bricolage à la fois simple, économique et profondément satisfaisant. Le bambou, matériau naturel et renouvelable, se prête merveilleusement bien à la création d’instruments de musique grâce à ses propriétés acoustiques exceptionnelles. En effet, sa structure fibreuse et creuse en fait une caisse de résonance naturelle idéale. Ce guide vous accompagnera pas à pas dans la création de votre propre flûte, un objet unique qui portera l’empreinte de votre créativité.

Pourquoi fabriquer sa propre flûte en bambou ?

Se lancer dans la fabrication d’une flûte en bambou, c’est s’offrir une parenthèse créative et se reconnecter à des savoir-faire ancestraux. Les plus anciennes flûtes découvertes, comme celles trouvées dans la grotte de Geissenklösterle en Allemagne, datent de plus de 40 000 ans et étaient faites en os de vautour ou en ivoire de mammouth. Bien que le bambou se conserve moins bien, il est utilisé depuis des millénaires en Asie, en Amérique du Sud et en Afrique pour créer des instruments. « Chaque morceau de bambou a sa propre voix. Le travail du luthier est de l’écouter et de la révéler », explique un artisan spécialisé dans la fabrication de flûtes Shakuhachi japonaises. En plus du plaisir de créer, vous obtiendrez un instrument unique, personnalisé, et à la sonorité chaleureuse que vous ne trouverez nulle part ailleurs.

Le matériel nécessaire pour fabriquer une flûte en bambou

Avant de commencer, assurez-vous de rassembler tout le matériel nécessaire. La plupart de ces outils se trouvent facilement dans un atelier de bricolage.

Choisir le bon bambou

Le choix du bambou est l’étape la plus importante pour garantir la qualité sonore de votre flûte. Il est primordial de choisir une tige de bambou qui a séché pendant au moins un an. Un bambou frais contient trop d’humidité et se fissurera en séchant, altérant irrémédiablement le son. Selon le Jardin Botanique de Montréal, « certaines espèces de bambou peuvent pousser jusqu’à 91 cm en 24 heures, mais leur séchage pour la lutherie demande patience et savoir-faire ».

Optez pour une tige d’un diamètre intérieur compris entre 1,8 et 2,5 cm et une paroi d’une épaisseur de 2 à 4 mm. La longueur dépendra de la tonalité que vous souhaitez obtenir. Pour une flûte en Do (C), une longueur d’environ 35 cm est un bon point de départ. Inspectez soigneusement le bambou pour vous assurer qu’il ne présente aucune fissure.

Les étapes de fabrication d’une flûte en bambou

Maintenant que vous avez tout votre matériel, il est temps de passer à l’action. Suivez ces étapes avec patience et précision pour fabriquer une flûte en bambou de qualité.

1. Préparation du corps de la flûte

Commencez par couper votre tige de bambou à la longueur désirée avec la scie. Faites une coupe nette et droite. Il est conseillé de couper juste après un nœud (la partie pleine entre deux sections creuses) pour que le fond de la flûte soit naturellement bouché. Ensuite, utilisez la tige métallique pour casser et retirer les membranes internes du bambou, sauf celle du fond. Vous pouvez chauffer la tige pour faciliter cette opération. Poncez l’intérieur avec du papier de verre enroulé sur la tige pour obtenir une surface lisse.

2. La fabrication du bec (embouchure)

C’est l’étape la plus délicate. Le son de la flûte dépend de la qualité de son bec. Il existe plusieurs types de becs, mais pour une première flûte, le plus simple est de réaliser une flûte à bec de type « irlandais » (whistle).

1. À environ 2 cm du bord ouvert, taillez une fenêtre rectangulaire (le biseau ou labium) d’environ 8 mm de large et 6 mm de haut.
2. Taillez ensuite le bord de cette fenêtre le plus proche de l’ouverture en un biseau à 45°. C’est sur ce biseau que l’air va se briser pour produire le son.
3. Fabriquez un bouchon (fipple) avec un morceau de bois tendre (liège, cèdre…) ou même un autre morceau de bambou. Il doit s’insérer parfaitement dans l’embouchure.
4. Taillez une légère partie plate sur le dessus du bouchon pour créer un fin canal d’air (le « windway ») qui dirigera votre souffle directement sur le biseau. L’espace doit être d’environ 0,5 à 1 mm.

Prenez votre temps, testez en soufflant doucement et ajustez le bouchon et le biseau jusqu’à obtenir un son clair et stable.

3. Le perçage des trous

La position des trous détermine la justesse des notes. Pour une flûte diatonique simple à 6 trous, vous pouvez utiliser un calculateur en ligne ou suivre un plan standard. « Selon les principes de l’acoustique, la position et la taille des trous modifient la longueur de la colonne d’air vibrante, ce qui détermine la hauteur de la note », nous rappelle un article de la Cité de la Musique – Philharmonie de Paris. Un perçage précis est donc essentiel.

Voici un exemple de mesures pour une flûte en Ré (D), en partant du bout ouvert de la flûte :

Trou	Distance depuis le bout	Diamètre du trou
1 (le plus bas)	8 cm	8 mm
2	10,5 cm	8 mm
3	13 cm	8 mm
4	16 cm	7 mm
5	18,5 cm	7 mm
6 (le plus haut)	21 cm	7 mm

Marquez l’emplacement de chaque trou. Commencez par percer avec une mèche plus petite, puis agrandissez progressivement le trou jusqu’au diamètre final. Cela évite de fendre le bambou et permet d’ajuster la justesse. Utilisez un accordeur électronique pour vérifier chaque note et agrandissez légèrement le trou vers le bas si la note est trop haute, ou vers le haut si elle est trop basse.

4. Les finitions

Une fois tous les trous percés et la flûte accordée, il est temps de passer aux finitions. Poncez soigneusement toute la surface extérieure de la flûte avec du papier de verre de plus en plus fin pour obtenir un toucher doux et agréable. Dépoussiérez bien l’instrument. Pour protéger le bambou de l’humidité et lui donner une belle patine, appliquez une ou deux couches d’huile de lin à l’aide d’un chiffon. Laissez sécher complètement entre chaque couche. Vous pouvez également utiliser de la cire d’abeille pour un fini plus naturel.

Comment accorder une flûte en bambou ?

L’accordage est une étape délicate qui se fait principalement lors du perçage. Si une note est trop basse (bémol), vous pouvez légèrement agrandir le trou correspondant pour faire monter la note. Si une note est trop haute (dièse), le problème est plus complexe. La solution la plus simple est de boucher partiellement le trou avec de la cire d’abeille. Pour un ajustement général de la flûte, la position du bouchon dans le bec a une influence : l’enfoncer légèrement fera monter la tonalité globale, le sortir la fera baisser.

Conclusion

Félicitations ! Vous avez réussi à fabriquer une flûte en bambou. Vous tenez entre vos mains bien plus qu’un simple morceau de bois, mais un instrument chargé d’histoire et de votre propre énergie. N’hésitez pas à expérimenter avec différentes longueurs, diamètres et essences de bambou pour créer toute une famille d’instruments. Ce projet est une merveilleuse introduction à la lutherie sauvage et une porte ouverte sur un monde de créativité musicale.